- 124 pages - Editeur : Le Livre de Poche (1 février 1995)Collection : Libretti
- L’Histoire merveilleuse de Peter Schlemihl ou l’homme qui a vendu son ombre est un récit fantastique écrit par l’écrivain et botaniste allemand Adelbert von Chamisso durant l’été 1813. La première édition française de ce court roman parut en 1822, dans une traduction de Hippolyte de Chamisso, son frère.
Pour avoir vendu son ombre au Diable contre la bourse inépuisable de Fortunatus, Peter Schlemihl va connaître une existence de proscrit. Chacun se détourne avec effroi de ce voyageur fastueux et munificent mais qui n'est plus un homme comme les autres. Condamné à vivre loin de la lumière pour masquer sa singularité, il tentera sans succès de reprendre son bien à l'Homme Gris. Mais un miraculeux hasard l'engagera dans la voie de l'expiation, du vrai savoir et de la rédemption.
Ce récit fantastique et philosophique, écrit en 1813, est l'une des oeuvres narratives les plus saisissantes du romantisme allemand. Il est à l'origine d'un mythe moderne dont on n'a pas encore épuisé la richesse.
Présentation et notes de Marie-France Azéma.
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Schlemihl signifie en yiddish «un type qui n'a pas de chance mais qui s'en accommode ». Chamisso, qui fréquentait les milieux juifs éclairés, écrivait le 27 mars 1821 à son frère Hyppolyte « […]Dans le jargon juif, on appelle de ce nom des gens malheureux ou maladroits auxquels rien ne réussit…[…] Cf. Otto Rank, Don Juan et le Double, Essais psychanalytiques, 1932. Le choix de ce mot explique à lui seul « l’intention d’écriture » de l’auteur, qui dira plus tard à Madame de Staël : « Ma patrie : je suis français en Allemagne et allemand en France, catholique chez les protestants, protestant chez les catholiques, philosophe chez les gens religieux et cagot chez les gens sans préjugés ; homme du monde chez les savants, et pédant dans le monde, jacobin chez les aristocrates, et chez les démocrates un noble, un homme de l’Ancien Régime, etc. Je ne suis nulle part de mise, je suis partout étranger – je voudrais trop étreindre, tout m’échappe. Je suis malheureux… Puisque ce soir la place n’est pas encore prise, permettez-moi d’aller me jeter la tête la première dans la rivière…» « Parmi les écrivains romantiques de la première moitié du XIXe siècle, il en est peu qui, autant que Chamisso, aient pris une distance aussi incontestable à la fois vis-à-vis de leur pays d’enfance et de leur temps. » Cf. Frédéric Torterat, L’éternel entre-deux, université de Paris-Sorbonne.
mon avis : le mythe de Faust.
Pour une bourse bien remplie et qui ne s'épuise jamais Peter Schlemihl accepte de vendre son ombre au petit homme gris... Mais un homme peut-il vivre en société s'il est différent des autres ? Et pour redevenir comme tous, serait-il prêt à vendre son âme ?
Extrait ce livre de la pal noire... acheté il y à fort longtemps, pour le titre, en croyant à de la littérature juive. Etonnant que je ne l'ai pas lu plus tôt ! Il aura fallu que je lise avant l'excellent De l'égarement à travers les livres de Eric Poindron, pour m'en souvenir et avoir envie de le lire de toute urgence. Il en est de même pour d'autres livres d'ailleurs.
Plus récit philosophique que conte, une petite merveille qui se lit en deux temps trois mouvements... serait dommage de ne pas le lire !
Plus récit philosophique que conte, une petite merveille qui se lit en deux temps trois mouvements... serait dommage de ne pas le lire !
autres lecteurs :
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Peter Schlemihl, un jeune homme sans fortune à la recherche d’un emploi, se rend chez un certain Thomas John, au service duquel il espère entrer. Il y rencontre un étrange personnage vêtu de gris, qui sort de sa poche, sous les yeux ébahis du jeune homme, un pansement, une lunette, un tapis, une tente, trois chevaux. Curieusement, personne à part lui ne semble se rendre compte des extravagants pouvoirs de l’homme en gris, qui finit par proposer à Schlemihl d’échanger son ombre contre la bourse de Fortunatus, qui permet à son propriétaire d’en tirer des pièces d’or à volonté. Il s’éclipse ensuite, en indiquant qu’il retrouvera le jeune homme un an plus tard, jour pour jour.
Mais très vite Schlemihl, devenu fabuleusement riche, s’aperçoit que le fait de ne plus avoir d’ombre l’isole irrémédiablement de la communauté des hommes, qui éprouvent un violent dégoût vis-à-vis de celui qui est affligé d’une telle infirmité. Il est donc réduit à quitter le pays, en compagnie de deux domestiques : Bendel, serviteur honnête et entièrement dévoué à son maître (et qui est le seul à connaître son secret), et Rascal, dont l’honnêteté laisse à désirer, mais qui compense ce défaut par sa grande habileté. Tous trois s’établissent dans une ville (non localisée, mais qu'on suppose être en Prusse), où les dispendieuses largesses de Schlemihl lui gagnent le cœur d’une population à qui il s’est bien gardé de révéler son secret : ne sortant qu’à la nuit tombée, il donne chez lui de somptueuses réceptions, après avoir savamment disposé les éclairages, au cours desquelles il fait la connaissance puis tombe amoureux de Mina, la fille d’un notable local. Il se propose de l’épouser, dès lors qu’il aura revu l’homme en gris et qu’il lui aura racheté son ombre.
Une journée avant la date fatidique, Rascal quitte avec fracas le service de son maître, dont il fait mine d’avoir récemment découvert le secret, qu’il se hâte de répandre dans toute la ville. Schlemihl est affligé, d’autant que le père de Mina refuse de donner la main de sa fille à un homme dépourvu d’ombre, et chasse le jeune homme. Fort heureusement, la date fatidique est arrivée, et Schlemihl retrouve l’homme en gris, qui lui propose de lui rendre son ombre en échange de la signature d’un contrat au libellé lapidaire : « Je soussigné lègue au porteur du présent mon âme après sa séparation naturelle de mon corps. » comprenant alors à qui il a affaire, Schlemihl refuse.
Le Diable lui montre alors ce qui se passe au même moment chez les parents de Mina : ceux-ci sont en train de négocier la main de leur fille à Rascal, qui s’est considérablement enrichi en volant consciencieusement son maître durant le temps qu’il le servait. Schlemihl est au désespoir, mais il résiste et ne signe toujours pas : la jeune fille est donc mariée contre son gré avec l’ancien domestique de Schlemihl. Ce dernier est contraint de quitter la ville, dont les habitants, peu reconnaissants envers leur bienfaiteur, refusent de compter parmi eux un homme sans ombre. Il part seul, après avoir donné, la mort dans l’âme, son congé et beaucoup d’or à son fidèle Bendel.
Mais le Diable suit toujours Schlemihl, et lui propose un nouveau marché : il sera son serviteur, et lui laissera tout le temps qu’il restera à son service la jouissance de son ombre, en attendant que Schlemihl signe enfin le fameux contrat qui lui ferait échanger son ombre contre son âme, ce qui lui permet de retrouver la compagnie de ses semblables. Mais il résiste toujours et, le jour où le Diable lui montre ce qu’est devenu Thomas John (un fantôme livide et épouvanté qu’il sort de sa poche), saisi d’horreur, il jette la bourse de Fortunatus dans un gouffre. Le Diable disparaît alors.
Schlemihl, toujours sans ombre et dorénavant sans argent, contraint de fuir à nouveau la compagnie des hommes, erre dans tout le pays, et use ses souliers sur les chemins. Il lui reste à peine de quoi s’acheter une paire de bottes usagées. Très vite il se rend compte que celles-ci ne sont autres que les bottes de sept lieues, qui lui permettent de franchir mers et continents en quelques enjambées (seule la Nouvelle-Hollande lui reste inaccessible.)
Schlemihl décide alors de s’établir comme anachorète dans la Thébaïde, et de consacrer le reste de ses jours à étudier la faune et la flore de tous les continents.
Un jour qu’il est tombé malade après être tombé dans les eaux glacées qui bordent la Norvège, et après avoir erré quelque temps à travers le monde dans un état de semi-inconscience, Schlemihl s’évanouit. Il se réveille dans un hôpital inconnu, dont il constate avec stupeur qu’il porte son nom. Il s’aperçoit que ses propriétaires ne sont autres que Bendel, qui l’a fait construire avec l’argent que lui avait légué son maître, et Mina, à présent veuve. Ceux-ci ne reconnaissent pas l’homme qu’ils ont aimé dans ce vieil homme hirsute à la longue barbe blanche, mais Schlemihl surprend une de leurs conversations au cours de laquelle ils se demandent si les prières qu’ils adressent quotidiennement pour le bonheur et le repos de l’homme sans ombre l’ont soulagé de son fardeau. Schlemihl, une fois rétabli, quitte l’hôpital pour retourner dans la Thébaïde, sans s’être révélé à ses anciens amis, mais après avoir laissé sur son lit une lettre :
« Votre vieil ami est, ainsi que vous, plus heureux aujourd’hui qu’il ne l’était alors ; et s’il expie sa faute, c’est après s’être réconcilié. »
Adelbert von Chamisso est un poète, écrivain et botaniste franco-allemand, également connu sous le prénom d'Adalbert (notamment dans les éditions anciennes). Il est né Louis Charles Adélaïde de Chamissot de Boncourt le 30 janvier 1781 au château de Boncourt à Ante, près de Châlons-en-Champagne, et décédé le 21 août 1838 à Berlin. Émigré en Allemagne avec sa famille en 1790, il s'engage dans l'armée prussienne à 17 ans, adopte le prénom « Adelbert » à l'âge de vingt ans, choisit d'écrire, non dans sa langue maternelle, mais en allemand, tout en conservant la nationalité française1.
Littérature
C'est sans doute son œuvre poétique qui vaut la gloire à Chamisso. Son cycle de poème Frauenliebe und -leben (L'amour et la vie d'une femme) (1830), mis en musique par Robert Schumann(opus 42), est particulièrement célèbre. Il faut aussi signaler Schloss Boncourt et Salas y Gomez. Quand on considère son œuvre, il faut se souvenir que l'allemand n'est pas sa langue maternelle.
Les sujets qu'il choisit sont, le plus souvent, sombres. Même dans ses œuvres les plus gaies et les plus légères, la tristesse ou la satire sont toujours présentes. Il aime traiter des sentiments humains comme l'amour ou la vengeance. Die Löwenbraut peut être pris en exemple pour illustrer sa puissance et son étrangereté[Quoi ?] ou Vergeltung pour l'extrême précision de son écriture.
La première édition complète des œuvres de Chamisso est éditée par Julius Eduard Hitzig (1780-1849) (6 volumes en 1836). Sa biographie est également signée J.E. Hitzig, Leben und Briefe von Adelbert von Chamisso (1881).
Le prix Adelbert von Chamisso, décerné par la fondation Robert Bosch, récompense chaque année des écrivains d'expression allemande pour lesquels l'allemand n'est pas la langue maternelle. Depuis sa création en 1985, ce prix a été attribué à quarante-cinq auteurs de vingt pays différents. Le prix est décerné par l'Académie bavaroise des Beaux-Arts.
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