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Jed Rubenfeld, ancien étudiant de Princeton et de Harvard, est professeur de droit constitutionnel à l'université de Yale, aux Etats-Unis. Après son remarqué L'interprétation des meurtres, paru en France en 2007, il arrive au Fleuve Noir avec un nouvel opus L'origine du silence, mettant à nouveau en scène Sigmund Freud. Jed Rubenfeld vit avec sa femme et leurs deux filles à New Haven, dans le Connecticut.
Septembre ... premier attentat terroriste sur le sol des Etats-Unis... mais le 16 en 1920 (on ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec le 11 septembre). La piste terroriste italienne est évoquée (Sacco et Vanzetti), puis la piste soviétique, et enfin la piste mexicaine... à moins que cet attentat ne visait qu'à s'emparer du Trésor des Etats Unis, ou de la banque JP Morgan ?
Stratham Younger, à fait la connaissance de Colette et de son frère luc en France, durant la guerre... Celle-ci sillonnait les champs de bataille au volant de sa "petite curie" et prenait soin de son frère, devenu muet après le massacre de son village et de tous ces habitants. Les buts de Colette : faire soigner son frère par Freud, retrouver un soldat allemand et aider madame Curie.
Au moment de l'attentat Colette est venue lever des fonds pour madame Curie, et se trouve sur place à Wall Street lorsque la bombe explose. A partir de là, sa vie va être complètement bouleversée de nouveau, poursuivie, séquestrée, elle ne comprend pas pourquoi.
Au cours d'une conférence, Colette rencontre monsieur Brigthon, riche industriel, généreux donateurs envers madame Curie, possédant des puits de pétrole aux Mexique, des gisements d'uranium, et autres bien, donc une usine de montres où ses ouvrières les décorent avec de la peinture au radium.
Pas le temps de s'ennuyer dans ce roman, entre les amours contrariées de Colette et Stratham, leurs allées et venues entre New York, Washington et Vienne, les démêlées de Littlemore avec la police, le FBI, les banquiers, les hommes politiques, les malfrats, et sa famille, l'auteur nous balade entre réalité et fiction, et c'est diablement efficace ! De nouveau un grand coup de coeur.
quelques références, mais vraiment pas assez pour le noter dans le challenge.
page 154, Freud raconte à Colette : En 1421, Vienne voulut forcer les juifs à se convertir. Un millier d'entre eux se réfugièrent dans une synagogue où ils se barricadèrent. Ils deumeurèrent sans vivre et sans eau trois jours durant. Pluis le bâtiment flambât. D'après les témoignages juifs, c'est le rabbin lui-même qui ordonna qu'on mette le feu, préférant la mort à la conversion. Deux ou trois cent d'entre eux survêcurent. Ils furent rassemblés et emmenés sur les rives du Danube où ils furent brûlés.
voir :
Ils en parlent...
Les autorités ne tardent pas à réagir. L'enquête est confiée à William J. Flynn, directeur entre1919 et 1921 du Bureau of Investigation, ancêtre du FBI. À propos de Flynn, l'Attorney General Palmer déclarait : « Flynn est un pisteur d'anarchiste… le plus grand spécialiste des milieux anarchistes aux États-Unis ». Après avoir enquêté sur les lieux de l'attentat, Flynn suspecte aussitôt les Galleanistes, un groupe anarchiste organisé autour du journal Cronaca Sovversiva (La chronique subversive) publié par Luigi Galleani et condamné en 1918 par le ministère de la justice américain comme « le journal le plus dangereux du pays ». Comme de nombreux compagnons, Luigi Galleani est partisan de la « propagande par le fait », une stratégie d'action politique basée sur la violence et ayant pour but de favoriser une prise de conscience populaire. Pour William J. Flynn, la motivation anarchiste de l'attentat était de venger l'emprisonnement de Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti. En se basant sur les souvenirs de militants anarchistes contemporains de Mario Buda, l'historien américain Paul Avrich établit la responsabilité de ce dernier dans l'attentat, lequel parvient à rejoindre l'Italie sans être inquiété. Les organisateurs de l'attentat n'ont jamais été identifié même si, d'après le FBI, la thèse selon laquelle il s'agirait d'un groupement anarchiste reste, en 2007, la plus probable.
Warren Gamaliel Harding, né le 2 novembre 1865 et mort le 2 août 1923, est le vingt-neuvième président des États-Unis. Élu en novembre 1920 pour un mandat de quatre ans à partir de mars 1921, il meurt avant de pouvoir terminer son mandat en 1923.Républicain. Ancien sénateur de l'Ohio, il est le premier président à prononcer un discours radio-diffusé. Son mandat est marqué par une politique économique de laissez-faire, par la création du Bureau du Budget, par la fixation de quotas d’immigration favorisant les pays anglo-saxons et par une politique isolationniste. Il meurt d'apoplexie lors de la 3e année de son mandat.
Banque JP Morgan & Co, d'abord connue sous le nom de House of Morgan, fut créée en 1871 à New York par John Pierpont Morgan et Anthony Drexel. Elle succède à la banque J.S. Morgan & Co., fondée par Junius Spencer Morgan, père de John Pierpont.
« Concept fondamental de la métapsychologie » freudienne, la pulsion (Trieb) a cependant une définition polysémique. À la fois excitation psychique, concept-frontière entre psychique et somatique, elle se définit par une poussée (Drang), un but (Ziel), un objet (Objekt) et une source (Quelle). Elle conditionne la représentation ainsi que l'affect. Les pulsions prennent leur source dans une excitation corporelle et, en cela, elles sont proches de l'instinct. Au contraire d'un stimulus, la pulsion ne peut être évitée ou fuie et demande à être déchargée dans le conscient. Il existe selon Freud trois moyens de décharger une pulsion : par le rêve, par le fantasme et par la sublimation. Freud distingue d'abord deux groupes de pulsions : celles du Moi (ou d'auto-conservation) et les pulsions sexuelles. Par la suite, et dans ses écrits les plus tardifs, il distingue deux autres principaux types de pulsions : la pulsion de vie (l'« éros ») et la pulsion de mort (le « thanatos »). L'éros représente l’amour, le désir et la relation, tandis que le thanatos représente la mort, les pulsions destructrices et agressives. Le thanatos tend à détruire tout ce que l'éros construit (la perpétuation de l’espèce par exemple). Le masochisme en est un exemple typique.Le refoulement (Verdrängung), « pierre d'angle » de la psychanalyse, est aussi le concept le plus ancien de la théorie freudienne. Dès 1896, Freud repère en effet un mécanisme de défense primaire, qu'il assimile ensuite à la censure et qui structure a priori le Moi et, de manière générale, le psychisme. Le refoulement est à la fois refus d'une pulsion et action psychique de maintien de cet écart. Frontière entre le conscient et l'inconscient, la « clause de censure » atteste aussi que l'inconscient est bien « travail » et processus, et non principe seul.
Névrose de guerre - Le trouble de stress post-traumatique (aussi connu sous les terme de syndrome de stress post-traumatique, SSPT, ou état de stress post-traumatique, ESPT) désigne un type de trouble anxieux sévère qui se manifeste à la suite d'une expérience vécue comme traumatisante.Le trouble de stress post-traumatique est une réaction psychologique consécutive à une situation durant laquelle l'intégrité physique et/ou psychologique du patient et/ou de son entourage a été menacée et/ou effectivement atteinte (notamment accident grave, mort violente, viol, agression, maladie grave, guerre,attentat). La réaction inéimmédiate à l'événement aura été traduite par une peur intense, par un sentiment d'impuissance ou par un sentiment d'horreur. Le SSPT survient parfois à la suite de la réaction aiguë de stress à la situation anxiogène mais il peut aussi apparaître beaucoup plus tard (après plusieurs semaines, ou plusieurs mois). Si un terrain psychologique ou psychiatrique fragile (dépression, anxiété, …) peut augmenter le risque de développer un SSPT, une expérience traumatisante peut, à elle seule, faire apparaître un SSPT chez des personnes ne présentant aucun antécédent. En particulier, les enfants et les personnes âgées seraient plus vulnérables.
L'obusite (du français obus, le suffixe -ite ne désignant pas ici une inflammation) en anglais « Shell-Shock » (« choc de l'obus »), est un terme décrivant les troubles psychiques retrouvés chez certains soldats de la Première Guerre mondiale.
Le terme même d'obusite est inventé et utilisé lors de la Première Guerre mondiale lorsque sont apparus de nouveaux patients atteints de pathologies nouvelles. Les maladies nerveuses étaient peu connues à l'époque, on parle donc de « commotion », de « choc émotionnel » ou « d'obusite ». D'autres noms ont été donnés à l'obusite, comme traumatophobie ou névrose de guerre.
Les Radium Girls sont des ouvrières américaines ayant été exposées pendant de longues périodes à du radium contenu dans une peinture utilisée pour marquer des cadrans lumineux. Elles ont reçu de fortes doses de rayonnements ionisants à l’usine de l’United States Radium Corporation (US Radium), à Orange dans le New Jersey vers 1917. Cinq d'entre elles se firent connaître par leurs efforts visant à assigner leur employeur en justice. Quelques unes sont décédées au cours de la procédure judiciaire des suites de leur exposition antérieure au rayonnement.
De 1917 à 1926, l’United States Radium Corporation s’est lancée dans l'extraction et la purification du radium à partir du minerai de carnotite pour produire une peinture fluorescente, commercialisée sous la marque « Undark ». Sous contrat avec le Département de la Défense des États-Unis, l’US Radium était un important fournisseur de montres radioluminescentes pour l'armée. Son usine du New Jerseyemployait plus d'une centaine de travailleurs, principalement des femmes, pour peindre au radium les cadrans des montres lumineuses.
Le cas des Radium Girls tient une place importante dans l'histoire, à la fois dans le domaine de la santé et dans celui du mouvement pour les droits des salariés. L’United States Radium Corporation avait embauché quelque 70 femmes pour accomplir différentes tâches, y compris la manipulation du radium, tandis que les propriétaires et techniciens qui travaillaient pour eux — connaissant les effets nocifs du radium — avaient soigneusement évité de s’exposer eux-mêmes au danger; les chimistes de l'usine utilisaient des écrans de plomb, des masques et des pinces. On estime que 4000 travailleurs ont été embauchés par la société aux États-Unis et au Canada pour peindre au radium le cadran des montres. Par jeu, les Radium Girls peignaient leurs ongles, leurs dents et leur visage avec la peinture mortelle fabriquée à l'usine, parfois pour surprendre leur petit ami quand les lumières s'éteignaient. Elles mélangeaient de la colle, de l'eau et du radium en poudre, et ensuite elles se servaient de pinceaux en poils de chameau pour appliquer la peinture luminescente sur les numéros des cadrans. La rémunération alors en vigueur, pour peindre 250 cadrans par jour, était d'environ un cent et demi par cadran. Les pinceaux s’abîmaient au bout de quelques coups, aussi les contremaîtres de l’US Radiumencourageaient les ouvrières à épointer les pinceaux avec leurs lèvres, ou à se servir de leur langue pour les effiler. Beaucoup de femmes ont commencé bientôt à souffrir d’anémie, de fractures osseuses, et de nécrose de la mâchoire. Plus tard apparurent des tumeurs cancéreuses des os (ostéosarcomes). Les appareils de radiographie, assez primitifs à l’époque, pourraient avoir contribué à aggraver l’état des travailleurs en mauvaise santé en les soumettant à des doses de radiations supplémentaires au cours des soins médicaux qu’ils ont dû suivre. Il s'est avéré qu’au moins l'un des cas allégués était mensonger, monté de toute pièce par un avocat de l’entreprise qui a lancé une véritable campagne de désinformation. L’US radium et d'autres sociétés fabriquant des cadrans de montre rejetaient les plaintes des travailleurs atteints, selon lesquelles leurs souffrances étaient consécutives à l'exposition au radium. Pendant un certain temps, les médecins, les dentistes et les chercheurs firent l’objet de pressions de la part des entreprises pour ne pas divulguer leurs données. À la demande pressante des employeurs, les décès des travailleurs étaient attribués par les professionnels de santé à d'autres causes. La syphilis a souvent été citée dans de nombreuses tentatives de dénigrement pour ruiner la réputation de ces femmes. Il y a aussi une référence à cette histoire dans un des romans de Kurt Vonnegut.
À la suite de l'intérêt initial pour la curiethérapie en Europe et aux États-Unis, son utilisation a diminué au milieu du xxe siècle en raison des problèmes d'irradiation à des opérateurs dus à l'application manuelle des sources radioactives20,21.

les petites Curie - Lorsque la guerre éclate, Marie Curie se mobilise, tout comme les autres membres de l’Institut du Radium, qui fermera temporairement durant la guerre. Aux côtés d’Antoine Béclère, directeur du service radiologique des armées, elle participe à la conception de dix-huit unités chirurgicales mobiles surnommées les « Petites Curies » ayant la particularité de pouvoir se rendre très près des champs de bataille et ainsi de limiter les déplacements des blessés. Elles permettent aussi de prendre des radiographies des malades, opération très utile pour situer plus précisément l'emplacement des éclats d'obus et des balles et faciliter les chirurgies. À l’Institut du Radium, elle forme des aide-radiologistes.
En 1916, elle obtient son permis de conduire et part régulièrement sur le front réaliser des radiographies. Irène, âgée de seulement dix-huit ans, fait de même dans plusieurs hôpitaux de campagne durant toute la guerre.
En 1918, à la fin de la guerre, elle peut enfin occuper son poste à l’Institut du Radium. Sa fille Irène devient son assistante. L’Institut du radium deviendra plus tard l’Institut Curie aujourd'hui très connu.
Que lire d'autre sur le sujet :
1909.Freud, accompagné de Ferenczi et Jung, ses disciples, débarque dans l'effervescente New York.
Venu donner une série de conférences, il est accueilli par Younger, jeune médecin qui lui fait découvrir la ville en pleine construction, les bas-fonds de Chinatown et les hôtels particuliers de Gramercy Park.
Une visite d'autant plus mémorable que le psychanalyste viennois prend part à une enquête surprenante : le cadavre d'une jeune fille torturée et étranglée vient d'être retrouvé.
Nora Acton, autre victime du même agresseur, a miraculeusement survécu mais est frappée d'amnésie et de mutisme. Dans l'ombre de Younger chargé de la soigner, Freud va habilement s'immiscer dans l'esprit de Nora, explorer son inconscient et de nouveaux champs d'application : l'interprétation des meurtres...
voir l'article de
François Busnel (L'Express), publié le 11/10/2007
illustration : mybleam.com