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mercredi 5 janvier 2011

début de lecture ce soir... Yachar Kemal,

et me voilà partie pour le chalenge de Fattorius : le marathon des 

1 000 pages...

et pour vous faire envie, un article de presse...



LireLa chronique de Daniel Rondeau

Sur une île, avec Yachar Kemal


Pour l'écrivain turc, les romans aident le genre humain à affronter douleurs et chagrins. Regarde donc l'Euphrate... est son dernier cri de joie


Regarde donc l'Euphrate charrier le sang est le premier tome d'une trilogie qui raconte Une histoire d'île. Yachar Kemal l'a écrit au crayon à mine dans sa maison proche du rivage de la mer de Marmara. Kemal est un romancier du monde réel qui a beaucoup fréquenté L'Iliade. Il sait que, de toutes les créatures, c'est l'homme qui souffre le plus, car il est le seul à avoir conscience de la mort inéluctable. Pour Kemal, les mythes, les épopées et les romans sont des cris de joie qui aident le genre humain à affronter douleurs et chagrins. Regarde donc l'Euphrate... est son dernier cri de joie.
Il y a toujours eu du troubadour chez ce romancier turc. Son coeur est un théâtre où l'on rejoue des tragédies murmurées de père en fils depuis la nuit des temps. Toute son oeuvre s'enracine dans la terre anatolienne (le Taurus, les roches bleues de Cilicie) et dans ses traditions. On pique-nique sur des kilims au milieu des prairies, le ciel a les couleurs de la steppe turkmène. Et le vent qui balaie les plateaux depuis la lointaine Mongolie apporte des bruits de chevauchées et de fusillades. Changement d'axe et de décor avec Regarde donc l'Euphrate... Les personnages, deux hommes, sont prisonniers d'une île et tournent leurs espoirs vers la mer. L'Histoire est toujours aussi présente, vivante sous la plume du romancier, dont la prose mêle une fois encore réalités et fantasmes.
Tout commence par un exode, dernier acte d'une guerre qui a vu sombrer l'Empire ottoman et naître la jeune république turque. En 1923, pour assurer l' «homogénéité ethnique» de leurs pays, la Grèce et la Turquie signent, sous l'égide de la Société des Nations, un traité d'échange de populations. Les habitants grecs de l'île Fourmi sont contraints, comme tous leurs compatriotes d'Asie Mineure, de quitter leur terre. Sur l'île abandonnée (on dirait que depuis la Création personne n'était passé par là), deux anciens ennemis, Vassilis, survivant des Dardanelles, et Poyraz Musa, ex-officier ottoman, se retrouvent.
Le second est riche de l'or qu'il serre dans sa bourse; il a fait couler beaucoup de sang innocent. Le premier est simplement chez lui. Les deux, s'épiant, se cherchant, s'espérant, se haïssant, se remémorent les jours de guerre qu'ils ont vécus. Le récit est tendu par leur face-à-face (souvent à l'aveugle). On ne se privera pas d'aimer Kemal, une fois encore. Il appartient à cette famille d'écrivains, assez peu nombreux finalement, capables de raconter à talent égal la beauté du monde, l'arrivée du jour sur la mer, la manière de ferrer un loup, l'amitié d'un pêcheur et d'un chat et la fureur des hommes.

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