Un livre exceptionnel !!!
challenges..
début de lecture : 11/02/11
fin de lecture : 12/02/11
- Auteur : Mohammed Aïssaoui est un écrivain et journaliste français né à Alger en 1964. Il est actuellement journaliste au Figaro littéraire..
- Editeur : http://www.gallimard.fr/catalog/html/actu/index/index_renaudotessai10.html
- Quatrième de couverture : Le 16 mars 2005, les archives concernant " L'affaire de l'esclave Furcy " étaient mises aux enchères, à l'hôtel Drouot. Elles relataient le plus long procès jamais intenté par un esclave à son maître, trente ans avant l'abolition de 1848. Cette centaine de documents - des lettres manuscrites, des comptes rendus d'audience, des plaidoiries - illustrait une période cruciale de l'Histoire.
Les archives révélaient un récit extraordinaire : celui de Furcy, un esclave âgé de trente et un ans, qui, un jour d'octobre 1817, dans l'île de la Réunion que l'on appelle alors île Bourbon, décida de se rendre au tribunal d'instance de Saint-Denis pour exiger sa liberté.
Après de multiples rebondissements, ce procès, qui a duré vingt-sept ans, a trouvé son dénouement le samedi 23 décembre 1843, à Paris. Malgré un dossier volumineux, et des années de procédures, on ne sait presque rien de Furcy, il n'a laissé aucune trace, ou si peu. J'ai éprouvé le désir - le désir fort, impérieux - de le retrouver et de le comprendre. De l'imaginer aussi.. - Mon commentaire :
- Un essai qui se lit comme un roman ! pas de temps mort, l'auteur nous convie sur les traces d'un homme hors du commun, et dans une époque si proche de la nôtre et pourtant on reste saisit d'étonnement envers les mentalités des colons de l'époque. Une page d'Histoire assez mal connue en fait. On a plus l'habitude de lire sur l'esclavage en Amérique... sans doute par ce que plus confortable pour notre bonne conscience de français.
- Comme l'auteur on a du regret de ne pas en savoir plus sur cet homme et sur ce qu'il a pu devenir après le procès à Paris. Mais faisons confiance à Mohammed Aïssaoui... vu la passion qu'il a mis dans son enquête, nul doute qu'il n'aura pas le coeur d'abandonner "le sieur Furcy" à l'oubli et qu'il nous ferra part de toutes les découvertes si le hasard lui est favorable. Merci monsieur Aïssaoui de nous avoir fait partager votre quête !
- Très grand coup de coeur ! il va m'être difficile de lire mieux je pense ... vraiment un livre que je conseille à tous, sans réserve.
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Furcy
- envie de lire le début : 1Le soleil clément ajoutait à la douceur du monde. Furcy aimait tout particulièrement ces instants paisibles et libres, quand la forêt appelait au silence. Pas un bruit… Juste, au loin, la musique d’une rivière. Le calme fut rompu par le pépiement effrayé d’une nuée d’oiseaux qui s’envolèrent d’un trait. Puis il entendit le hurlement de chiens qui se rapprochaient.
L’homme noir courait à perdre haleine, ses yeux grands ouverts disaient la terreur. Le torse nu, il transpirait comme s’il pleuvait sur lui. Son pantalon de toile bleue était déchiré jusqu’aux cuisses. Il boitait. Dans son regard, on lisait la certitude qu’il n’arriverait pas à s’échapper, la peur de la mort. Son souffle s’épuisait à chaque pas. Il pouvait tenir encore un peu, un tout petit peu, jusqu’à la Rivière-des-Pluies qu’il connaissait par coeur, et qui pouvait le guider vers la montagne Cimandef, puis à Cilaos, le refuge des esclaves en fuite. Avec les pluies diluviennes de la semaine passée, il suffirait de se laisser dériver en restant bien au milieu de la rivière, et environ cinq kilomètres plus bas, s’arrêter sans forcer, près d’un rocher qui faisait contre-courant — d’autres l’avaient déjà fait, ce devait être l’affaire d’une heure, tout au plus, avant d’arriver au pied de la montagne.
À une vingtaine de mètres derrière lui, deux énormes chiens, la bave aux lèvres, le poursuivaient. Pour leur donner plus de hargne, on les avait affamés. Ces bêtes étaient suivies de loin par trois hommes : deux blancs coiffés d’un chapeau de paille qui portaient un fusil — des chasseurs de chèvres sauvages et d’esclaves — et un noir, tête nue. Ils semblaient assurés d’arriver à leur fin.
Il restait moins de cinq mètres à courir pour pouvoir plonger dans la rivière. C’était encore trop. Au moment où l’esclave allait mettre un pied dans l’eau, il trébucha. Un chien sauta sur lui et mordit sa cuisse droite, tétanisant tous les muscles de son corps. Le deuxième chien le prit à la gorge alors qu’il se débattait. On entendit un cri lourd.
Au loin, les deux blancs sourirent. Ils ralentirent le pas, comme pour apprécier davantage le malheur de leur proie et laisser les chiens terminer leur besogne. Le noir qui les accompagnait baissa la tête.
Furcy, aussi, avait entendu le cri. Il se trouvait de l’autre côté de la Rivière-des-Pluies. Dissimulé derrière un pied de litchi, il avait tout vu. Il restait figé. Depuis sa cachette, il avait remarqué une fleur de lis tatouée sur chaque épaule du fuyard allongé, ses oreilles et son jarret étaient coupés. Ces deux mutilations signifiaient qu’il avait déjà tenté de fuir à deux reprises. Quand les deux hommes arrivèrent près de l’esclave agonisant, ils marquèrent un temps, se regardèrent, puis le prirent chacun d’un côté. Ils le jetèrent dans la rivière. Et s’essuyèrent les mains. Le corps moribond flottait comme un bout de bois au gré du courant qui était fort ce jour-là.
« C’est l’ordre de M. Lory, dit le premier, un marron qui ne peut plus travailler constitue une charge trop lourde. Et la troisième fois, c’est la condamnation à mort. De toute façon, Lory l’aurait battu à mort, tu le connais. » L’autre acquiesça en clignant simplement des yeux.
Le premier chasseur sortit un carnet de sa besace, avec un crayon qu’il mouilla de ses lèvres, il inscrivit : « Capturé / mort / à la Rivière-des-Pluies / le nègre marron Samuel appartenant à M. Desbassayns et loué au sieur Joseph Lory, habitant de Saint-Denis / 30 francs à recevoir / 4 août 1817. » Il referma son carnet, satisfait. Puis, il donna quatre sous au noir en récompense du renseignement qu’il avait fourni pour repérer Samuel.
Dans la tête de Furcy, le cri continuait de résonner.Les faits de ce genre étaient fréquents à l’île Bourbon. J’aurais pu vous décrire la scène où un esclave fut brûlé vif par sa maîtresse furieuse parce qu’il avait raté la cuisson d’une pâtisserie. Et raconter l’histoire de ce propriétaire qui, apprenant que son épouse avait couché avec son domestique noir, fit creuser un trou et laissa mourir l’amant — alors que tout le monde connaissait cette femme dont on disait que le démon avait saisi son bas-ventre. Il n’était pas rare, non plus, de voir des esclaves si maltraités qu’ils en devenaient handicapés. D’autres avaient moins de chance, ils mouraient à force de tortures, puis on les enterrait dans le petit bois comme on enterre une bête — sur les registres, on les déclarait en fuite. Certains préféraient se suicider pour en finir plus rapidement avec un sort funeste…
Ainsi allait la vie quotidienne dans les habitations bourbonnaises en ce début du XIXe siècle.-http://blog.epagine.fr/index.php/2010/11/mohammed-aissaoui-laffaire-de-lesclave-furcy-gallimard-extrait/
..mon appréciation : un livre qui restera longtemps dans ma mémoire...
citations :
p. 15 -
Le premier chasseur sortit un carnet de sa besace, avec un crayon qu'il mouilla de ses lèvres, il inscrivit : "capturé / mort / à la rivière des pluies / le nègre marron Samuel appartenant à M. Desbassayns et loué au sieur Joseph Lory, habitant Saint-Denis / 30 francs à recevoir / 4 août 1817"...
p. 19 -
"peut-être l'abolition donnera-t-elle à ces nègres une bien meilleure idée du travail ? qui sait ?p. 19 -
... dans les bonnes habitations, les noirs sont estimés entre 120 et 150 piastres dans les inventaires de succession. Ils reviennent tellement cher en impôts, que certains propriétaires sous-évaluent le nombre de leurs esclaves pour n'avoir pas à payer la capitation. Vous savez, on peut remplacer avantageusement un noir par un cheval ou un mulet" (M. Billard)
.Ma note :20 /20
http://www.actualitte.com/dossiers/1245-esclave-furcy-aissaoui-mohamed-histoire.htm
http://www.lavielitteraire.fr/index.php/session-de-rattrapage/438-mohammed-aissaoui-laffaire-de-lesclave-furcy
http://lewesternculturel.blogs.courrierinternational.com/archive/2010/04/01/l-affaire-de-l-esclave-furcy-de-mohammed-aissaoui.html
http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-affaire-de-l-esclave-furcy_910542.html
http://www.telerama.fr/livres/l-affaire-de-l-esclave-furcy,54980.php
http://www.lechorepublicain.fr/selection-loisirs-mohammed-aissaoui-publie-l-affaire-de-l-esclave-furcy,218.html
http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20101126.BIB6008/le-prix-rfo-a-mohammed-aissaoui.html
http://www.lefigaro.fr/livres/2010/04/08/03005-20100408ARTFIG00500-le-maitre-l-esclave-et-le-petit-procureur-.php
http://www.lavielitteraire.fr/index.php/session-de-rattrapage/438-mohammed-aissaoui-laffaire-de-lesclave-furcy
http://lewesternculturel.blogs.courrierinternational.com/archive/2010/04/01/l-affaire-de-l-esclave-furcy-de-mohammed-aissaoui.html
http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-affaire-de-l-esclave-furcy_910542.html
http://www.telerama.fr/livres/l-affaire-de-l-esclave-furcy,54980.php
http://www.lechorepublicain.fr/selection-loisirs-mohammed-aissaoui-publie-l-affaire-de-l-esclave-furcy,218.html
http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20101126.BIB6008/le-prix-rfo-a-mohammed-aissaoui.html
http://www.lefigaro.fr/livres/2010/04/08/03005-20100408ARTFIG00500-le-maitre-l-esclave-et-le-petit-procureur-.php
autres lecteurs :
http://blackbazar.blogspot.com/2010/04/mohammed-aissaoui-salue-lesclave-furcy.htmlhttp://fibromaman.blogspot.com/2010/11/mohammed-aissaoui-laffaire-de-lesclave.html
http://enfinlivre.blog.lemonde.fr/2010/11/29/mohammed-aissaoui-laffaire-de-lesclave-furcy/http://en-lisant-en-voyageant.over-blog.com/article-l-affaire-de-l-esclave-furcy-61784995.html
Curiosité de lecture...
L'esclavage a été mis en œuvre sur l'île de La Réunion dès son peuplement au milieu du xviie siècle. Les esclaves servirent d'abord à la culture du café, puis àcelle de la canne à sucre à compter du début du xixe siècle. L'esclavage ne fut définitivement aboli que sur une proclamation de Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga le 20 décembre 1848.
Chargé de mettre en application à La Réunion le décret du gouvernement provisoire de février 1848 qui abolissait l'esclavage dans les colonies françaises, Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga, avec le soutien du gouvernement issu des élections françaises d'avril 1848, a évité que la violence ne se retourne contre les maîtres d'hier, tout en préservant leurs intérêts économiques et la supériorité de leur statut social.
"La République a voulu faire votre bonheur en vous donnant la liberté(…). Propriétaires et travailleurs (autrement dit, anciens maîtres et anciens esclaves) ne forment désormais qu'une seule famille dont tous les membres doivent s'entre aider" (proclamation de Sarda "Aux travailleurs", du 20 décembre 1848).
Le Commissaire de la République, obligeait les "nouveaux affranchis" devenus citoyens, de second ordre (au point que le mot "sitoyen" deviendra un mot péjoratif en créole), à signer un contrat de travail chez leur ancien maître devenu leur patron, faute de quoi ils seraient réputés vagabonds et jetés en prison. Et ce tout en leur demandant d'être patients si leur patron ne pouvait leur verser le salaire dû.
Les anciens esclaves vont quitter en foule, au risque de la prison, les "habitations" (plantations) où leurs anciens maîtres continuaient pour la plupart à les traiter aussi mal après qu'avant le 20 décembre.
Les hommages ne lui ont pas manqué à La Réunion : un lycée et de nombreuses rues portent son nom.
Une abolition devenue historiquement inéluctable, puisque la plupart des pays d'Amérique latine avaient - à la notable exception du Brésil - aboli l'esclavage entre 1811 et 1831, et que deux ans plus tard c'était le tour des colonies britanniques.
C’est la mémoire des esclaves réunionnais, si imparfaitement libérés par Sarda Gariga en 1848, que défend le poète-chanteur-maloyer réunionnais Danyèl Warodans un de ses plus beaux poèmes, Foutan fonnker (« poème caustique ») dans lequel il dénonce les ravages de l’esclavagisme que la société réunionnaise continue de charrier : « vin désanm la pokor », le 20 décembre reste à faire.
3.2 La colonisation française (1715-1810)
Abandonnée par les Hollandais, l'île Maurice devint une possession française en septembre 1715 lorsque Guillaume Dufresne d'Arsel l’aborda, en prit possession et la nomma «île de France». Les premiers colons français arrivèrent en 1721 au moment où l’île était administrée par la Compagnie des Indes orientales (de 1722 à 1767). On sait que, pour concurrencer les autres pays européens, Louis XIV et Colbert avaient créé la Compagnie des Indes orientales en 1664. Afin d’attirer des capitaux, ils lui avaient accordé un monopole commercial dans l'océan Indien pendant 50 ans et lui avaient cédé la souveraineté sur Madagascar ainsi que sur les îles voisines et les futurs territoires à conquérir.
En 1725, les Français annexèrent l’île Rodrigues qui fut occupée en permanence à partir de 1735. Rappelons, par ailleurs, que l’île Bourbon (appelée aujourd’hui La Réunion) avait reçu ses premiers colons en 1665 (rappel de la carte 1).
Dès le début de la colonisation française à l’île de France (Maurice), surtout entre 1721 et 1735, quelques centaines (entre 400 et 600) d’esclaves en provenance du Sénégal et de la Guinée arrivèrent à l’île. Depuis le 28 août 1670, à la demande du ministre Colbert, le Conseil d'État du royaume avait officialisé la pratique de l'esclavage en France. Aux Antilles, l’esclavage avait vite assuré la prospérité économique de ces régions. En mars 1685, était proclamé le fameux Code noir, une ordonnance de Louis XIV destinée à réglementer et à tempérer le régime de l’esclavage, et précisant les devoirs des maîtres et des esclaves. On le sait, ce Code Noir, qui resta en vigueur dans toutes les Antilles et en Guyane française jusqu'en 1848 (date de l'abolition définitive de l'esclavage par la France), fut rarement respecté, les exploitants n’en ayant fait bien souvent qu’à leur tête.
En 1723, le célèbre Code Noir de 1685 fut adapté à l'usage des Mascareignes et les lettres patentes de Louis XV, en forme d'édit, furent enregistrées à l’île Bourbon (La Réunion) dans la ville de Saint-Paul, le 18 septembre 1724, par le Conseil supérieur de Bourbon. Ce nouveau Code Noir adapté à la situation de l’île Bourbon (La Réunion) et de l’île de France (Maurice) favorisa, dès 1725, l’arrivée de milliers d’esclaves qui venaient en majorité de l’île de Madagascar et de l'Afrique orientale pour y cultiver le café et les plantes à épices. Cette main-d'œuvre abondante paraissait nécessaire pour permettre à la Compagnie des Indes orientales de poursuivre l’expansion économique de l’océan Indien.
C’est en 1735 que l’île de France (Maurice) commença son véritable développement avec l’arrivée de son plus célèbre gouverneur: Bertrand-François Mahé de Labourdonnais, nommé par la Compagnies des Indes orientales; il dirigea la colonie de 1735 à 1746 et fonda la ville de Port-Louis.
Mahé de Labourdonnais fit prospérer l'île de France (Maurice) avec la fondation de plusieurs villes dont Port-Louis, la construction d’édifices administratifs, de magasins, d’entrepôts et de casernes militaires. Il favorisa l'exploitation des forêts pour le bois d'oeuvre (et des chantiers navals), la production de la canne de sucre ainsi que la culture du café, de l’indigo et du poivre. Port-Louis devint le chef-lieu des établissements français de toute la région. Pendant que l’île de France (Maurice) ne comptait que 1000 habitants, l’île Bourbon (La Réunion) en comptait 8000 (dont 6000 esclaves). À partir de 1735, le gouverneur Mahé de Labourdonnais fit peupler l’île Rodrigues, avec comme mission le ramassage de tortues et leur chargement sur les bateaux de la Compagnie des Indes orientales. Rodrigues connut son véritable peuplement à partir de 1760. Une garnison française y résida même en permanence; l’île comprenait alors des colons blancs et des esclaves. En 1767, sous l’administration de l'intendant Pierre Poivre (1767-1772), on recensait à Rodrigues encore seulement 32 habitants: 4 Français, 2 Blancs créoles de l’île Bourbon (La Réunion), 16 Malabars libres et 10 esclaves.
Grâce à Pierre Poivre, le «commissaire ordonnateur» et l’intendant général des îles de France (Maurice) et de Bourbon (La Réunion), l’archipel des Mascareignes devint une colonie prospère, organisée et enviée par les Britanniques. Poivre avait introduit l'imprimerie à l’île de France en 1768 (l'Imprimerie royale de Port-Louis) et, comme il était botaniste et membre de plusieurs académies de sciences, il avait acclimaté sur les îles de l’archipel quantité d’épices (dont, bien sûr, le poivre, mais aussi la girofle, la muscade, la cannelle, etc.) et des dizaines d'espèces végétales; il avait également favorisé la culture des arbres fruitiers et fut même l'auteur des premières lois sur la protection de la nature; c’est à lui que les Mauriciens doivent le célèbre jardin de Pamplemousses, qui abrite des nénuphars géants et plus de 60 variétés de palmiers. De plus, Poivre assainit le climat moral et social des Mascareignes en améliorant le sort des esclaves dans tout l’archipel. La population augmenta à l’île de France (Maurice): de près d’un millier d’habitants en 1735, elle atteignait en 1767 les 20 000 habitants, dont 15 000 esclaves.
Les historiens ont d’ailleurs établi que la période d’émergence du créole mauricien se situait entre 1721 et 1769. C’est ce qui expliquerait que le créole mauricien d’aujourd’hui contient encore des mots d’origine sénégalaise provenant en réalité de la langue wolof. Ce créole contient en outre de grandes quantités de mots malgaches et comoriens, car un grand nombre d’esclaves furent importés aussi de l’île de Madagascar et des Comores.
Le 27 juillet 1793, la Convention de Paris proclama l'interdiction de la traite et, quelques mois plus tard, le 4 février 1794, celle de l'esclavage. Le décret prescrivait «l’abolition immédiate», mais ne prévoyait aucune disposition sur le dédommagement des propriétaires ou sur l'avenir des «populations libérées». L’Assemblée coloniale de l’île de France (Maurice) se prononça contre ce décret et réclama avec insistance à la Convention sa suppression pure et simple. Les colons de l’île de France (Maurice) et ceux de Bourbon (La Réunion) n'obtinrent qu'un sursis et décidèrent alors de ne pas appliquer le décret d’abolition.
Le 20 mai 1802, le premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, rétablit partiellement l'esclavage. Les intérêts économiques avaient eu raison des idéaux révolutionnaires de liberté et de d’égalité. Les colons de l’archipel des Mascareignes, qui n'avaient pas appliqué le décret de la Convention nationale, furent évidemment rassurés. Toutes les réformes de la Révolution furent également supprimées, au grand soulagement de tous (sauf pour les esclaves!), y compris la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen adoptée en 1789 par l'Assemblée nationale:
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. |
En 1803, le général Charles Mathieu Isidore Decaen (ou de Caen) envoyé par Bonaparte débarqua aux Mascareignes pour imposer le nouveau régime politique. La colonie fut aussitôt prise en mains par les administrateurs nommés par Bonaparte, qui dirigèrent les affaires de l’île Bourbon (devenue entre-temps l’île Bonaparte) à partir de l’île de France. - source : http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/maurice.htm
*
Les noms de la honte
Stigmates de l'esclavage à l'Île maurice
************** innoubliable, coup de coeur
excellent
très bien
bien
moyen
se laisse lire, sans plus
bof ! pas génial
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